paroles

LE VOL ERRATIQUE D'UN PAPILLON

(c) 2018 Gerald Massois

Paroles : Gerald MASSOIS

 

1 - Un Vendredi de Larmes        

Tout est arrivé si vite

Pas l’temps de respirer

J'ai cru qu’nous pourrions prendre la fuite

Dix secondes d'éternité…

A quelques pas de la sortie

Je t'ai sentie trébucher

Instinctivement, je t'ai saisie

Une obsession, je ne dois pas lâcher…

 

A peine sortis sur le trottoir

Au milieu des blessés

Pris en charge par la police

Aussitôt séparés

Je me débats et je résiste

On me crie de reculer

Dépassé par ce qui arrive

J'accepte résigné

Trop tard quand je réalise

Que j'aurais dû insister

C'est la dernière fois que je t'ai vue

Cette putain de dernière fois…

 

A cet instant je prends conscience

De ce qui vient d'arriver

Une scène de guerre, un vent de panique

Quelque chose d'insensé

C'est d'une barbarie, d’une violence

On ne peut s'imaginer

J'ai vu un champ de fleurs magnifiques

Subitement se faner

 

Je sens une piqure dans l'échine

Qui se met à saigner

Peut-être que l'adrénaline

M'avait fait oublier

Et cette douleur si aigue,

M'empêche de respirer

Ma vue se brouille, j'ai froid, je sue,

Je sens mon corps céder…

 

Les semaines passent

Et au fond de mon âme

Quelque chose s'est brisé

Je ne reconnais plus

Le reflet de cet homme… dans la glace

Un homme perdu… En disgrâce…

 

(Je me sens comme un fantôme dans un monde sans repères, sans envie, sans saveur, et j’erre seul au milieu de tous ces corps qui tournent autour de moi… )

 

Je ne peux plus fermer les yeux

J'ai trop peur de

Revivre en boucle ces images

Ton visage

Qui m'obsède

Je reste des heures

A faire face aux remords qui m'enchaînent

Je suis prisonnier

De ce vendredi de larmes (bis)

 

2 – Une Prison de Rêves

Les jours passent en silence

Ici rien n'a bougé

T’as juste pris des vacances

Tu t'es juste absentée

 

Tes affaires de l’agence,

Ta brosse à dents, ton gobelet

J'omets l'évidence

Comme si de rien n’était

 

Je me suis bâti un monde, ma réalité

Un univers parallèle incomplet

(relecture improbable du passé…)

Une cathédrale de verre aux murs fissurés

Un château à l’envers, vacillant,

Aux fondations qui plient sous le vent…

 

J'abuse des ordonnances

D'une montagne de cachets

Comme un voile sur mes sens,

Qui me bloque la pensée

 

Je me suis enfermé

Dans une prison de rêves

Un abri pour une trêve

Aux murs de barbelés

 

Je me suis bâti un monde, ma réalité

Un univers parallèle incomplet,

(je réécris le code du passé)

Une cathédrale de verre aux murs fissurés

Un château à l’envers, vacillant,

Prêt à s’écrouler, et soudain quand…

 

vient le soir, 

dans le noir

Tout s’effondre autour de moi

Les murs tombent,

Et les ombres,

Etouffent toute lueur d’espoir…

 


 

3- Le sang des innocents

Pt.1 : Une irrépressible rage

Je me repasse bien malgré moi

En continu cette scène d’effroi

Et quoi que je fasse

Le passé reprend sa place

Je dois accepter

La réalité

 

Comment peut-on préméditer 

de faire couler, lâchement,

Tant de sang innocent ?

D’être la lie de l’humanité ?

Jamais je ne pourrai

Savoir pardonner

J’ai noyé mes questions

Dans l’incompréhension

 

La colère monte, me brûle l’intérieur

La douleur,

Dans son sillage

A nourri une irrépressible rage,

Qui m’empêche d’avancer,

D’oublier, de refermer mes plaies

 

 

Pt2 : Une jeunesse désabusée

Comment sommes-nous arrivés

A ce que de jeunes paumés

En marge de la société

Bien trop souvent stigmatisés

Se transforment en tueurs

En robots conditionnés

Aveuglés par la rancœur

La haine de nos libertés

 

Sont-ils uniques responsables

De ce qui est arrivé ?

Tant de politiques lamentables

D’ingérence des cités

Qui livrent seule à elle-même

Une jeunesse désabusée

Qui a perdu ses repères

Et ses rêves d’immensité

 

Ces jeunes sont devenus les proies

De prédicateurs armés

Qui promettent un vent d’espoir

Un but, une identité

Une illusion, un mirage

Un mensonge bien camouflé

Aux motivations de rage

Que rien ne semble arrêter

 

Comment trouver des repères ?

Dans un monde superficiel

Qui aime seulement se complaire

Dans une farce virtuelle

Ici l’apparence est d’or

La forme est au premier plan

Et chacun s’évite, s’ignore

Endormi par son écran

 

On n’apprend jamais de l’Histoire

On s’imagine si différents

Cette éternelle course au Pouvoir

Qui rend accros tous nos dirigeants

Rien ne change…

 

Où est la noblesse de cette cause ?

Quand sans états d’âme

On tue des centaines d’innocents

C’est juste innommable

 

Que peuvent-ils voir ?

Dans leur miroir ?

 

L’Homme est-il ainsi programmé

Pour la haine et la guerre

Et si nous avions oublié

Que nous sommes tous frères ?

Je refuse de croire

En leur victoire

 

Toutes nos vies

A combler nos envies

Au chaud, bien à l’abri

D’un monde de larmes

Le voile s’est déchiré

Sur notre obscur passé

Un sombre héritage

D’actes manqués

Et d’erreurs de nos aînés

 

Refrain

Sous un déluge de haine et de souffrance

J’ai perdu dans cette guerre mon innocence

Enterré bien profond mon insouciance

Effacé de mon visage mon arrogance

-

J’ai survécu mais est-ce vraiment une chance ?

Le regard masqué par mon ignorance

Je suis seul face à mes incohérences

Egaré dans mes propres dépendances

 

4 - Novembre (Instrumental)

 

5– Les Blessures de mon âme

 

Les images se bousculent en voyant ma vie,

J’ai appris que rien ne nous est acquis,

Qu’une victoire d’aujourd’hui

S’effacera demain

Jour après jour j’avance sur le fil… de mon destin

 

Chaque bouffée d’air me rappelle que je suis miraculé

Qu’en quelques minutes, quelques instants,

La mort m’a touché

Même respirer demande un prix

Une rançon à payer

Je ne me plains plus, j’ai bien compris,

Je devrai m’en acquitter

 

Je ne verrai jamais nos enfants

Grandir, s’émanciper

Ces enfants qu’on désirait tant,

Mais le temps a manqué

Je mène un combat de chaque instant

Je suis en terrain miné

A l’image de tous ces gens

Au cœur enchaîné

 

J’ai connu tant de fidèles amis

Soudain pris d’amnésie

Je n’ai même pas envie de leur dire

Que je les hais, Que je les maudis…

J’ai navigué contre le vent

Sur un océan de larmes

Et j’ai noyé dans mon sang

Les blessures de mon âme

 

J’ai cette question qui me hante

Comme j’ai cette seconde chance

Ma vie sera-t-elle la même ?

Ma vie sera-t-elle la même ?

 

Face aux lendemains qui déchantent

Je mène ma résistance

Ma vie sera-t-elle la même ?

Ma vie sera-t-elle la même ?

 

Et j’apprends cette nouvelle danse

Avec irrévérence,

Ma vie sera-t-elle la même ?

Ma vie sera-t-elle la même ?

 

Mais quand je sens ta présence

Ma vie prend tout son sens

Ma vie sera bien la même

J’en suis convaincu

Ma vie restera la même !

 

Je ne suis pas dupe de mon destin tout tracé

Debout un jour, assis demain, je sais…

Tel un phare dans la mer

Tu es mon guide, ma lumière,

Mon bonheur, mon soutien,

Et sans toi je sais bien,

Je n’serais rien…


 

5 – Un concours de circonstances

 

Ce matin quand je me suis réveillé

Tout semblait différent

Le fardeau sur mes épaules semblait

Soudain moins pesant

J’avais perdu le Nord

Déréglé ma boussole

Mais aujourd’hui je comprends sans effort

Je dois prendre mon envol

 

Sans réfléchir j’ai tout déplacé

Dans l’appartement

J’ai découvert ce petit carnet

Ce testament

Un inventaire complet,

Minutieusement classé,

L’essence même de ce que tu étais

Tes humeurs, tes pensées

 

Et tout ce temps je n’ai pas remarqué

Suis-je passé à travers ?

De la magie que tu dégageais

De ton univers

Peut-être étais-je trop aveuglé

Par le superficiel

Que finalement je me suis loupé

Sur l’essentiel

 

Me laisseras-tu être l’invité de tes secrets ?

Etions-nous vraiment l’un pour l’autre des étrangers ?

Autant de doutes, de questions non élucidées

Que de réponses à trouver…

 

Et je tourne les pages d’une main fébrile

Et je parcours ce nouveau monde aux pieds d’argile

Je redécouvre la sensation d’être vivant

De profiter

De l’instant présent

 

Fascinant,

Comme la vie est un mystérieux concours de circonstances

Enfin je perçois toutes les nuances 

Le moindre détail prend toute son importance

J’apprends avec douleur de mes erreurs

 

J’ai conservé tout contre mon cœur

Cette page manuscrite

Où tu parles longuement non sans peur

De si la vie te quitte

 

De ne pas rester enchaîné

De te laisse partir

De rebâtir des cendres du passé

Un nouvel avenir

 

Je me suis endormi paisiblement

Tu m’as rejoint en rêve

Je me sentais bercé comme un enfant

Durant cette courte trêve

 

Et j’ai couché avec de l’air

à l’encre invisible,

Un mot d’adieu qui exprimera, j’espère,

mes regrets indicibles

 

Je regrette de ne pas avoir su veiller sur toi

De ne pas avoir su te protéger tout contre moi

Peut-être simplement avons-nous joué de malchance

Dans un tragique concours de circonstances

 

Je regrette d’être si souvent resté secret

De ne pas avoir mieux appris à partager

Mes doutes, mes angoisses, mes joies, mes peines, mes projets

Dans un tragique concours de circonstances

 

Je me suis promis de respecter à la lettre

Les mots de ton carnet et ainsi tout ton être

Et ainsi d’appliquer tes dernières volontés

Je suis décidé

A sortir du passé

 

Dieu que c’est difficile de te laisser partir

Et si je ne le fais pas ce serait te trahir

Je dois faire preuve de patience, de persévérance, 

Avec les semences

De ma Renaissance

 

7 – Le Vide de ton Absence

Notre histoire fut stoppée injustement

Et je suis tiraillé par

L'ambivalence des sentiments

Et j'ai dû réapprendre à vivre sans

A tenter de me reconstruire

Face à un monde si persistant

 

Et durant des heures

Je rêve des bons moments

De ces quelques minutes de douceur

Qui font sentir qu'on est vivants

 

De ces graines de bonheur

Qui subliment le présent

Je souris même à nos coups de gueule

Finalement

Si Insignifiants

 

Je suis passé si proche du néant

Le temps a fait son œuvre

Les plaies se referment doucement

Les sanglots reviennent mais moins fréquemment

Le chagrin et les regrets

S'estompent emportés par le vent

 

Et au gré des humeurs

Je rêve des bons moments

De ces quelques minutes de douceur

Qui font sentir qu'on est vivants

 

De ces graines de bonheur

Qui subliment le présent

Je sens maintenant qu'il est l'heure

Finalement

D'aller de l'avant

 

Je garde au fond du cœur

Tous ces précieux moments

Ces fragments magiques de pure innocence

Qui m'aident à combler le vide de ton absence

 

 

8 – Le vol erratique d’un papillon

 

Pt1- Un nouveau chapitre

J’ai scellé le chapitre final

De dix ans de nos vies

Toute la nuit j’ai erré seul

Complètement étourdi

Je sens maintenant qu’il est l’heure

De libérer mon esprit de mon cœur

 

Un an déjà j’ai dispersé

Tes cendres dans la mer

Etincelantes poussières d’une fée

Qui change le sable en verre

Je n’ai jamais su te dire merci

D’avoir veillé sur moi, sur ma vie

 

La colère est partie

Loin d’ici

Elle part au large

 

J’ai retrouvé l’espoir

Le bout du couloir

Qui annonce la lumière

L’aube d’une nouvelle ère

 

Pt2 – Le déploiement d’ailes

Un vent frais vient de se lever

Le soleil commence à percer

Tout tourne autour de moi

Exaltant

J’avais oublié l’important

Tout ce temps

Comme c’est enivrant

De se sentir vivant

De jouir

Pleinement du temps présent

 

Le sang jaillit dans mes veines

Chaque seconde en vaut la peine

Longtemps j’ai fui, crié si fort

Désormais

Je dois faire face au vent toutes voiles dehors

J’ai ressorti ces vieilles ailes

Et J’essaie constamment de quitter le sol

De m’élever si haut,

loin jusqu’au firmament

Et toucher

Les eaux sacrées de ton âme

 

 

 

« Ma chère épouse,

Cela fait maintenant des semaines que je ne t’ai plus écrit, je me confonds en excuses.

J’étais tout cabossé, l’après ne m’avait pas épargné, et j’ai dû apprendre à me réparer avec le peu que j’avais

J’ai dû accepter ton deuil, à vivre de ton absence,

Aujourd’hui, tout est différent, j’ai repris confiance

Le fardeau sur mes épaules s’en est allé, et les plaies se sont peu à peu refermées

Ton carnet fut d’une grande aide, je t’en remercie, j’avais enfin un guide, un repère.

Le vent a su éloigner chaque jour un peu plus sanglots, chagrin, et regrets.

Aujourd’hui finalement je prends mon envol, libre et apaisé

 

Avec tout mon amour »

 

Pt 3 – Une bouteille à la mer

J’ai jeté à la mer,

A l’endroit même où je t’ai quittée,

Un doux écrin de verre

Dans lequel j’avais déposé 

Des mots et une prière

Afin de te laisser

T’envoler

 

Prise dans l’écume de sel

La bouteille trace dans son sillon

Un dessin qui rappelle

Le vol erratique d’un papillon

D’éphémères battements d’ailes

Qui brisent la lumière

Dans les vagues

 

J’ai rangé ma colère

Je me suis pleinement éveillé

J’ai laissé loin derrière

Les traces d’un douloureux passé

Je fais face à la mer

Je te vois t’éloigner

 

Je me sens… Enfin en paix

Photo par Steve Halama